Une planche qui respecte son terrain de jeu

Dans l’imaginaire collectif, les sports de glisse ont une réputation vertueuse. Les marques de surf tentent d’associer la glisse au romantisme de la nature sauvage et au respect de son environnement.

L’image est bien calibrée:  Soleil couchant, crique déserte, surfeur en équilibre sur une planche glissant sur un rouleau. La formule ne serait pas complète sans la présence archétypale d’une femme cheveux aux vent (soyons pragmatiques) surfant en bikini sans qu’aucune égratignure vienne compromette le concept vendu.

Slogan:  be free.be wild.be ocean.

La magie opère, un dérivé de sophisme propulsé vitesse grand V dans nos inconscients:

Surf = océan. océan = écologie donc surf = écologie

Derrière cette image d’épinal brandie par le marché du surf qui, au passage, pesait 3 milliards de dollars en 2020, se cache une réalité bien moins verte.

Jetons un œil du côté de la production de ces planches qui nous font tant communier avec la nature.

Au commencement, on importe des matériaux des quatre coins du globe, issus de l’industrie pétrochimique. Dans des ateliers où le coût de la main d’œuvre est moindre, les ouvriers rabotent des pains de mousse en polyuréthane pour façonner le cœur de la planche, inhalant au passage les poussières qui s’en dégagent.

Ensuite, pour durcir et étanchéifier la planche, on recouvre le pain de mousse de fibre de verre imbibée de résine composée des solvants toxiques.

Poncées et accessoirisées, les planches sont expédiées par cargo dans le monde entier, vendues dans tous les rayons des magasins de sport.

Dans le monde et selon ce procédé:

  • 2 400 000 planches neuves sont produites chaque année
  • 15 000 tonnes de déchets toxiques sont générés
  • 20 000 fabricants sont exposés aux composés chimiques

Face à cette industrie, des acteurs-trices ont décidé de produire autrement par respect des ressources, de l’environnement et de celles et ceux qui les manipulent.

Guillaume Villechange, fondateur de l’atelier SQUALL surfboards, dessine et crée des planches de surf et de kite, performantes et durables en utilisant un maximum de matériaux naturels et biosourcés français, le tout fabriqué de A à Z à Concarneau.

Les pains de mousse sont en polystyrène, recyclable et moins toxique que le polyuréthane.

De la fibre de lin issue d’une production durable dont la culture rotative n’épuise pas les sols remplace la fibre de verre. Sa faible densité en fait un matériau plus léger. Cette fibre naturelle est plus solide et résistante que la fibre du verre assez cassante.

Quant  à la résine, Guillaume s’est tourné vers une résine époxy bio-sourcée à 56 %.

Enfin pour rigidifier les planches et éviter les enfoncements, il utilise des placages en bambou.

Des planches locales, artisanales, et durables, la voilà la relève de la glisse.

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